Anaïs NIN (1903 -1977)

G_ninh.jpg"Louveciennes ressemble à la petite ville de province où nait et meurt Madame Bovary. Elle est ancienne et la vie moderne l'a laissée intacte". Ainsi commence, en 1931, le premier volume du "Journal" d'Anaïs Nin, que l'on a présentée comme "la première femme de lettres de la littérature contemporaine américaine".

Anaïs Nin était la fille d'un compositeur et pianiste espagnol, et d'une mère cubaine. Elle passe son enfance à Neuilly, puis son adolescence aux Etats-Unis, où elle épouse un banquier, puis revient en France. En 1929, elle s'installe à Louveciennes, au 2 bis, rue de Montbuisson dans une demeure ancienne qu'elle décrit ainsi : "Ma maison a deux cents ans. Je l'ai choisie parce qu'elle semblait être sortie de terre comme un arbre".

 

Derrière la maison, un grand jardin, rempli d'arbres, de buissons, de fleurs et de lierre … C'est dans ce cadre qu'elle demeurera jusqu'en 1935 et qu'elle y recevra ses amis, Antonin Artaud, et surtout l'écrivain américain Henri Miller, qui sera rapidement son amant. Elle vit d'une manière excentrique, reflet de sa personnalité : habillée d'une longue robe rouge, elle se drape dans une grande cape de velours. Les pièces sont peintes en rouge de Chine, turquoise et pêche. Il s'en dégage une atmosphère magique et troublante, à l'image de la maîtresse des lieux que ses amis appelleront "La Princesse".

Elle s'évadera de sa vie à Louveciennes par l'écriture, le rêve et l'amour, ce qu’elle raconte dans son journal. Aux Etats-Unis où elle vivra avec son second mari, Anaïs Nin écrira encore de nombreux romans. Elle y meurt en 1977.

Henry Miller lui a rendu hommage, disant d'elle "De toutes les femmes que j'ai connues au cours de ma vie, rares sont celles qui ont approché Anaïs en beauté, et en grâce féminines. Elle était à la fois une charmeuse, une aristocrate… et une personne farouchement réservée. Mais elle était aussi un écrivain au génie indéniable. Et toutes ces raisons additionnées font qu'elle appartient désormais au monde entier…" Après un abandon de près de soixante ans, la maison d'Anaïs Nin a été restaurée. Près du portail, une plaque rappelle son séjour à Louveciennes, étape essentielle dans sa vie d'écrivain, et aussi de femme…